Habituellement, les chansons classiques , à l’instar des lieder, sont de facture plutôt calme, très élégiaque, voire parfois lénifiante. A en voir le nombre de lieder tristes que nous vous avons déjà présentés, il faut bien croire que cela rencontre son public ! Mais lorsque l’on tombe sur un chant tel que celui-ci, beaucoup plus énergique, fougueux, endiablé, on ne dit pas non. Il s’agit de la « Sérénade de Don Juan » que Tchaikovski a composée en hommage au Don Giovanni de Mozart, un opéra qu’il admirait. Dès les premières notes, on ressent toute la flamme et l’ardeur propres au mythe et à la figure de ce légendaire séducteur. La tonalité et le thème introducteur ne sont pas sans rappeler ceux des danses orientales, un peu comme dans la « Danse d’Anitra » du Peer Gynt où Grieg pastiche le style à merveille.
Bien que le mythe donjuanesque est originaire d’Europe Occidentale (Tirso de Molina, le premier à en faire une pièce de théâtre, était espagnol), le traitement ici est 100% russe : le texte est de Tolstoï, l’harmonie rappelle étrangement les chansons d’Aliabiev (cf. Le Rossignol) et le chanteur, Dmitri Hvorostovsky, est connu pour ses interprétations d’oeuvres typiquement russes. Fixez bien son regard, qui dans la vidéo est bien adapté au côté ténébreux du morceau !
Voilà donc un petit quelque chose qui vous sensibilisera davantage à la « russitude », telle que la décrit notre ami Pavel Alexandre Persikov